Si tu intègres l’École du Louvre à la rentrée prochaine, tu bénéficieras de nouveaux espaces que cette école sous la tutelle du ministère de la Culture, a inaugurés tout récemment pour ses étudiants : une bibliothèque plus grande et entièrement rénovée ainsi qu’une cafétéria totalement réaménagée. On profite de cette actualité architecturale pour revenir sur les fondamentaux d’une école phare de l’univers de la culture et de la création, qui enregistrait l’an dernier 1 700 candidatures sur Parcoursup pour 300 places disponibles.
Fondée il y a 140 ans, l’École du Louvre est à deux pas… du Louvre, où les étudiants, en particulier ceux de première année dans le cadre du cours « Histoire générale de l’art », passent une grande partie de leur temps. « Notre pédagogie est centrée sur le contact avec l’objet », explique Claire Barbillon, qui pilote cet établissement public depuis 2017.
Les cours se passent pour la moitié du temps dans les musées eux-mêmes. Les TDO (travaux dirigés devant les œuvres) ont lieu dans l’enceinte du Louvre, mais aussi dans les nombreux musées de Paris et d’Île-de-France ». L’école compte 1 700 élèves inscrits et 15 000 auditeurs libres. 9 000 sont à Paris et les autres, dans les villes partenaires en région : Amiens, Niort, Poitier, Lyon, Marseille, etc., là où des musées peuvent se porter partenaires.
Seule école publique des musées et du patrimoine (avec l’INP), l’École du Louvre figure au nombre des 99 établissements d’enseignement supérieur de la Culture, aux côtés des conservatoires nationaux supérieurs, des conservatoires d’art dramatique, des écoles des Beaux-Arts, des écoles d’architecture…
La place centrale du livre dans la pédagogie de l’École du Louvre
Installée depuis 1972 dans l’aile de Flore du palais du Louvre, bâtiment classé monument historique, l’École du Louvre (9 000 m2 au total environ) a été aménagée sous la direction de l’architecte Antoine Stinco à la fin des années 1990. Mais si les amphis et espaces de circulation restent adaptés aux usages actuels des étudiants, la bibliothèque méritait d’être repensée. À son arrivée à la direction de l’École, Claire Barbillon prend connaissance des résultats d’une enquête à ce sujet conduite auprès des étudiants par son prédécesseur, Philippe Durey.
Leurs demandes se concentraient sur trois aspects en particulier :
- plus de places de lecture ;
- un accès direct au livre ;
- des espaces pour travailler en petits groupes.
« Installée dans cette grande nef, qui à l’origine était un couloir conduisant du Louvre aux communs du palais des Tuileries, la bibliothèque était plus petite et une partie de l’espace que nous avons gagné était occupé par des bureaux fermés. Le dégagement de la voûte, que je trouve extraordinaire et porteuse de calme, était un enjeu fort dans le réaménagement, souligne Claire Barbillon. Il fallait évidemment respecter les lieux, parvenir à créer un dialogue avec eux et comprendre les contraintes de l’aménagement d’espaces dédiés à l’enseignement. Une bibliothèque plus grande, plus agréable, me semblait essentielle d’un point de vue pédagogique. Nous sommes une école qui met l’accent sur la mémoire visuelle, mais aussi la contextualisation de l’œuvre d’art. Mémoriser les œuvres est essentiel, tout comme savoir les resituer dans le contexte de leur création et conception. »
Des espaces sobres pour répondre aux besoins des étudiants
Réaménagée par l’agence HBAAT à base de matériaux durables, respectueux de l’environnement, dans un esprit « un peu nordique et sans geste architectural bavard ou inutile », la bibliothèque de l’École du Louvre s’étend désormais sur 760 m2 et comporte 150 places assises, soit deux fois plus qu’auparavant. S’il reste la possibilité de s’installer sur des grandes tables pour travailler, la consultation des ouvrages (38 000 sont à disposition) peut se faire aussi à l’abri de carrels aménagés dans l’alcôve des fenêtres, sur des canapés entièrement modulables, ou bien assis sur de hautes marches à l’aspect d’estrades.
Le visiteur, qu’il soit étudiant de l’école ou externe (à la condition d’avoir réservé sa place), est accueilli par une sculpture d’Antony Gormley, Witness VII. Il trouvera un second « témoin » de ses déambulations parmi les 1 200m linéaires de rangements quelques mètres plus loin, en surplomb d’une zone où sont installés les canapés. Une autre œuvre du sculpteur anglais, Witness VIII, a en effet été offerte à l’École du Louvre par Majid Boustany (son mécénat a couvert la quasi intégralité du coût des travaux) et suspendue au plafond vouté !
Un mécénat de 2,5 millions d’euros pour financer les travaux
À ces aménagements concernant la bibliothèque se sont associés ceux qui ont permis la création d’un espace physique pour accueillir le laboratoire de recherche de l’École. « Je voulais un lieu pour que les jeunes docteurs se retrouvent et qui favorise le contact avec les chercheurs séniors. Nous recevons aussi des chercheurs étrangers avec lesquels il est très important que nos 72 doctorants actuels puissent dialoguer. »
La cafétéria « un peu vieillotte », estime Claire Barbillon, a aussi bénéficié d’un réaménagement pour en faire un lieu « plus convivial et chaleureux ». Plus de places pour les élèves, une meilleure circulation et des zones différentes pour se restaurer (table, bar, gradins…) sont à disposition des étudiants.
Au total, les travaux ont permis de réaménager 1 300 m2 au sein de l’École pour un coût de 2,5 millions d’euros. Le financement a été assuré par un mécène, Majid Boustany. Le fondateur et président de la Francis Bacon MB Art Foundation a d’ailleurs fait don de l’un des chevalets du peintre, exposé à l’entrée de l’école. Le dépassement de 200 000 euros pour assurer le retraitement des 40 000 ouvrages disponibles et financer le fonctionnement de la bibliothèque hors les murs de l’École du Louvre pendant 8 mois a été pris en charge par l’État.
Les métiers auxquels forme l’École du Louvre
L’École du Louvre a été fondée sous la 3e République pour former des professionnels du monde des musées et du patrimoine. « On ne forme pas à la pratique artistique mais à tous les métiers qui vont valoriser et entretenir les œuvre d’art, qu’elles soient dans le monde du public ou du privé », explique Claire Barbillon. Les diplômés intègrent souvent la fonction publique, dans des métiers liés aux musées et au patrimoine, mais sont aussi des professionnels du marché de l’art, de la médiation ou du tourisme « le plus exigent ».
Le cycle d’études est « classique », d’abord licence (bac+3), puis master (bac+5). Ceux qui le souhaitent peuvent poursuivre en doctorat. Ce dernier reste un diplôme d’établissement. Pour une reconnaissance par le supérieur, l’École du Louvre s’associe à de nombreux UFR. « Nous avons des partenariats avec la quasi intégralité des universités disposant d’un département d’histoire de l’art ou de muséologie ». Elle compte parmi ses partenaires les plus prestigieux Sciences Po Paris ou encore l’ESSEC, avec lesquels elle propose des doubles diplômes.
L’École du Louvre propose 6 spécialisations de master 2 :
- régie des œuvres ;
- médiation ;
- marché de l’art ;
- histoire de l’art appliqué aux collections ;
- muséologie ;
- humanités numérique et documentation.
« À peu près 85% de nos diplômés s’insèrent dans le domaine culturel souhaité après l’obtention de leur master, souligne Claire Barbillon. C’est un bon pourcentage, mais je voudrais qu’on atteigne les 100% pour remplir parfaitement notre mission», conclut la directrice.
Une maison des élèves de l’École du Louvre ouverte en 2021
Si 30% des étudiants de l'École du Louvre sont des boursiers du CROUS, 65% viennent de région ou de l'étranger. Pas évident pour les nouveaux intégrés de trouver un logement à Paris, ou alors en ayant à prendre un job étudiant pour en assurer le financement, ce que déconseille Claire Barbillon, au moins pour la première année post-bac. « C'est se handicaper dans l'assimilation des connaissances. La première année d'études supérieures à l'École du Louvre peut constituer un choc après la terminale. Il faut savoir faire preuve d'une grande autonomie et on ne peut pas s'y adapter en ayant un job soirs et week-end. » Depuis la rentrée 2021, une cinquantaine de places sont disponibles au sein d'une maison des élèves mixte de 1 500 m2 ouverte au sein d'un ancien foyer à Odéon, à 15 minutes à pied de l'École. 11 chambres individuelles, 24 chambres doubles. 85 candidatures reçues cette année, examinées à l'aune de trois critères : la distance du domicile familial, la situation économique et sociale du foyer et l'âge de l'étudiant. Le bail est signé pour une durée de 6 ans.