Passionné(e) de peinture, tu es toujours en quête de nouveaux artistes à découvrir ? Études Créatives te peint le portrait de Saype, un incroyable artiste français qui expose et réalise des projets biodégradables en plein cœur de la nature.
Qui est Guillaume Legros aka Saype ?
Saype naît en 1989 sous le nom de Guillaume Legros, à Belfort dans l’est de la France. Il grandit à la frontière franco-suisse, puis se lance dans des études et une carrière d’infirmier. Guillaume exerce ce métier en parallèle de son activité artistique pendant près de sept ans. En 219, il déclare au quotidien généraliste suisse Le Temps que cette première activité a influencé l’artiste qu’il est aujourd’hui en le rapprochant des « questions existentielles comme la souffrance de l’être humain ». Avec son pseudonyme qui est une contraction de « say » et « peace » et ses œuvres gigantesques, Saype a pour objectif d’attirer l’attention des gens et d’impacter les mentalités, sans laisser de trace dans la nature.
Ce qu’on peut dire, c’est que son pari est réussi. En 2019, Forbes l’inclut dans sa liste annuelle des 30 personnalités de moins de 30 ans dans le domaine de l’art et de la culture en Europe. Sur son compte Instagram, Saype comptabilise actuellement plus de 218 000 abonnés.
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Quelle est la signature du peintre Saype ?
Saype est connu pour la création de fresques géantes d’un style proche de l’hyperréalisme, conçues dans la nature à partir d’une peinture biodégradable qu’il a lui-même inventée. Dès l’âge de 14 ans, il s’initie à la peinture en autodidacte en explorant le graffiti, qu’il considère plus tard comme une forme de rébellion et d’affirmation de soi dans la société. En parallèle, il expérimente la peinture au couteau et à l’acrylique dans son atelier. Deux ans plus tard, il présente ses premières œuvres dans des galeries d’art.
Convaincu que le graffiti se perd dans la pollution de notre société moderne, Saype décide d’explorer une nouvelle voie en adaptant le street art à un terrain peu exploité : la nature. C’est ainsi qu’il se tourne vers le land art et commence à réaliser d’immenses fresques sur herbe. En 2012, après des mois de recherche, il parvient à créer une peinture totalement biodégradable à base de caséine, protéine du lait, pour préserver l’environnement.
Sa première œuvre majeure en plein air, intitulée « L’Amour, » voit le jour en 2015 dans les Alpes françaises. Cette fresque figurative, comparée à l’hyperréalisme et à l’impressionnisme, représente un buste de femme et devient la plus grande fresque sur herbe au monde. Saype bat ensuite ce record à plusieurs reprises grâce à l’aide de drones pour immortaliser ses créations.
En 2018, Saype collabore avec l’association SOS Méditerranée pour créer la fresque « Message from Future », près de l’Office des Nations unies à Genève. Cette œuvre rend hommage aux bénévoles qui portent secours aux migrants en mer et incite les élus à soutenir le bateau de secours Aquarius.
Le 15 juin 2019, Saype lance son ambitieux projet baptisé « Beyond Walls » (Au-delà des murs) qui vise à relier symboliquement les cinq continents par la plus grande chaîne humaine au monde. La première étape de ce projet se déroule au Champ de Mars à Paris, où il réalise une fresque de 600 mètres de long représentant des mains se tenant les unes aux autres.
Ce projet se développe ensuite dans plus d’une dizaine de villes entre 2019 et 2020, incluant des lieux emblématiques marqués par l’histoire comme le township de Philippi au Cap et la ville de Ganvié, ancienne colonie esclavagiste. De plus, il a réalisé des peintures devant le siège des Nations unies à New York, Genève et Nairobi en 2021 et 2022 pour célébrer le 75e anniversaire de l’organisation. Son triptyque intitulé « World in Progress » est considéré comme un message d’espoir, illustrant la vision d’un monde idéal imaginé par deux enfants.
La technique de peinture biodégradable de Saype
Précurseur de la peinture sur herbe, Saype fusionne les styles du land art et du street art dans sa démarche artistique. Utilisant une peinture biodégradable composée d’eau, de blanc de Meudon, de charbon et de caséine, il a développé cette formule après une année de recherche, dans le but de réduire l’impact environnemental tout en préservant une harmonie avec le terrain. Ses œuvres, visibles du ciel pendant quelques semaines, s’effacent progressivement au gré des aléas de la nature. Cependant, elles sont immortalisées sous forme de lithographies et d’œuvres uniques signées par l’artiste.
En plus de ses créations éphémères en plein air, Saype conçoit également des œuvres en atelier et les expose dans des galeries, notamment ses séries intitulées « Métros » et « Les Aurores ». Ces pièces réalisées au pinceau et à l’aérographe combinent différents supports tels que toiles et plexiglas pour offrir une impression de profondeur saisissante.
Qu’est ce que le land art ?
Né dans les années 1960 aux États-Unis, le land art consiste à créer des œuvres d’art directement dans la nature, en utilisant des matériaux naturels tels que des pierres, du bois, du sable, des feuilles ou même de la terre. Les artistes du land art utilisent le paysage lui-même comme leur toile, souvent en créant des sculptures monumentales en plein air, éphémères et en harmonie avec l’environnement. Le but du land art est de susciter une connexion profonde entre l’art et la nature, remettant en question les conventions artistiques traditionnelles tout en mettant l’accent sur l’éphémère et l’interaction avec le temps et les éléments naturels.
Le street art
Les artistes du street art utilisent diverses techniques telles que le graffiti, les pochoirs, les collages ou le street art 3D pour exprimer leur créativité et leurs messages sociaux, politiques ou artistiques. Le street art sert également de moyen d’expression pour les voix marginalisées et peut apporter une nouvelle dimension artistique et culturelle aux villes, transformant ainsi l’espace public en une galerie d’art accessible à tous. Toutefois, les débats autour de la légalité et de l’éphémère sont fréquents dans ce domaine artistique.
Où trouver les œuvres de l’artiste Saype dans le monde ?
L’année dernière, en 2022, Saype participait à la Biennale de Venise en créant une fresque flottante sur le Grand Canal. Le 14 juillet, l’artiste franco-suisse a dévoilé sa nouvelle œuvre, deux fresques peintes à même le sol sur deux versants du domaine skiable de Villars-sur-Ollon (VD). Elles représentent deux enfants qui dessinent, à leur façon, le monde qui les entoure. Le diptyque, intitulé « Le soleil a rendez-vous avec la lune » n’est malheureusement plus visible, car la peinture biodégradable s’efface en 2 à 4 semaines, au gré des intempéries.
