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La face cachée des KDrama

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Depuis quelques années, tu as peut-être été, toi aussi, complètement absorbé(e) par les K-Drama, ces films et séries coréens qui font rêver depuis 10 ans. Mais sais-tu d’où ils viennent, pourquoi ont-ils explosé et quel rôle jouent-ils auprès des fans, notamment en Corée du Sud ? Études Créatives décrypte, pour toi, la face cachée des KDrama.

Le boom de la culture coréenne

Avant de commencer, un petit retour en arrière s’impose. À la fin du XXe siècle, l’Asie et la Corée du Sud subissent une crise économique de grande ampleur, qui mène notamment à une crise monétaire et à l’effondrement de la valeur du Won sud-coréen, la monnaie locale. Pour y remédier, l’État cherche des solutions et constate une chose : le film Jurassic Park (sorti en 1993) a généré autant de recettes que Toyota, la marque d’automobiles numéro 1 en Corée. Alors, le pays s’inspire et part avec un objectif : développer le soft power sud-coréen. En juillet 2012, l’artiste Psy sort la chanson Gangam Style accompagnée de sa danse comique et c’est le boum. Non seulement la vidéo de la chanson atteint le milliard de vues en décembre 2012, mais elle permet aussi et surtout de lancer la Hallyu, autrement dit, l’engouement autour de la culture coréenne, qui à l’époque, ne fait que commencer. S’ensuivent l’explosion d’autres stars coréennes comme les groupes de K-Pop ou encore les acteurs des K-drama.

Quid des K-drama

Les séries télévisées venues de Corée du Sud, et d’Asie de manière générale, étaient fut un temps consommées en Europe par les fans de pop culture asiatique, sur des plateformes connues uniquement des initiés. Aujourd’hui, grâce aux catalogues de plus en plus fournis des plateformes comme Netflix, les dramas coréens s’ouvrent à un public plus vaste. Pour résumer, les Kdrama sont des séries ou des films romantiques, qui représentent souvent des couples hétérosexuels dans des situations réalistes, qui sont par la suite romancées, ou romantisées. À l’instar des comédies romantiques occidentales (qui suivent le modèle américain), la frontière entre réalité et fiction est souvent très floue, voire inexistante et les projections des personnages sont particulièrement réalistes.

Une conception de la réalité biaisée dans les Kdrama

Avec l’engouement pour la culture de Corée du Sud, une grande quantité de préjugés et d’idées reçues au sujet du pays ont aussi vu le jour, véhiculant une vision biaisée des Coréens, mais aussi de la réalité au sens large. De plus, les K-drama, de par les histoires et stéréotypes sur lesquels ils s’appuient, véhiculent plusieurs idées et concepts qui peuvent être problématiques.

Quand le culte de la perfection est omniprésent

Si les contenus occidentaux s’assurent de montrer le plus de diversité possible dans un souci de représentation des genres, des classes sociales, ou encore des orientations sexuelles, les K-drama ne sont pas exactement dans cette optique. Dans la plupart des K-drama (qui mettent en scène des couples hétérosexuels), les personnages reprennent les standards actuels de beauté : ils sont minces, la peau lisse, les hommes sont androgynes, les femmes frêles, tous affichent un physique longiligne et les traits de leurs visages sont fins. Les protagonistes sont très préoccupés par leur apparence physique et cette obsession des Sud-Coréen dans les séries et film a un nom : Kkonminam. Depuis la fin des années 1990, le terme est utilisé pour désigner les hommes qui sont particulièrement préoccupés par le style personnel, l’hygiène (propreté, mais aussi soins du visage et des cheveux), et la mode. Du côté des femmes, ce culte de perfection existe aussi, et il s’éloigne quelque peu de la vision européenne. Les héroïnes de K-drama, à l’image de leurs homologues masculins, sont souvent longilignes, avec une peau et des cheveux parfait. À l’affiche des K-drama, très peu de personnes de couleur, aucun héro en surpoids et un seul type de beauté.

Ces visions stéréotypées des genres et l’omniprésence d’un seul standard de beauté, même s’ils s’inscrivent dans une démarche de divertissement, ont de réelles conséquences sur les populations. En effet, la Corée du Sud est le pays qui compte le plus de médecins esthétiques par rapport au nombre d’habitants. Une enquête a même révélé que plus d’un quart des Coréens ont déjà eu recours à la médecine esthétique.

Des stéréotypes aux antipodes de l’occident

Littéralement à l’opposé des sex-symbol américains qui incarnent souvent la virilité et la distance vis-à-vis des émotions, les hommes des K-drama sont représentés comme réservés, fleur bleue, propres sur eux, sensibles, habillés en costume parfaitement coupé et obsédés par leur carrière. C’est au niveau du caractère que les points de vue diffèrent. De leur côté, les protagonistes féminines sont douces, gentilles, délicates et presque enfantines. Elles requièrent la protection, mais aussi la prise de décisions et d’initiative de la part des personnages masculins, ne pouvant pas réaliser ces actions par elles-mêmes. Inévitablement, les relations amoureuses se fondent alors sur une chose : le paternalisme.

Pourtant, l’anti-héroïne, échappe aux codes de la gentille. Elle est souvent représentée comme une femme très belle, indépendante, avec du caractère et une grande confiance en elle. Concrètement, ce qui fait d’elle la « méchante » fait du héro le gentil. Pour les spectateurs et spectatrices des K-drama, particulièrement les plus jeunes, un constat est vite fait. Pour être choisi par l’homme parfait (qui est donc protecteur avec une vie professionnelle riche), la femme se doit d’être la plus docile, pure et fragile possible. Une enfant finalement. Tu remarqueras qu’à l’ère du bodypositive et de la prise de pouvoir de nombreuses femmes pour se faire entendre ou encore faire valoir leur liberté, l’image véhiculée par les Kdrama, et plus largement la culture coréenne, est en décalage.

Les K-drama à l’origine de désillusions

Si tu es adeptes de séries occidentales et de Kdrama tu as peut-être remarqué une différence majeure concernant les relations amoureuses. Alors que les protagonistes français, espagnols ou américains sont hypersexualisés, on ne retrouve que très peu de rapprochements physiques dans les Kdrama. Souvent, ils interviennent au bout d’un long moment et de beaucoup, de discours et surtout, ils s’arrêtent au baiser passionné. Cette formule séduit particulièrement les personnes peu à l’aise avec les rapprochements physiques ou celles qui sont à la recherche de plus de romantisme dans les fictions. De plus, le fait de ne jamais voir de scènes érotiques véhicule le cliché que cela n’intéresse tout simplement pas les Coréens. En réalité, il existe une loi en Corée du Sud qui encadre et limite fortement la sexualisation des protagonistes et des relations dans les films et séries. Le caractère romantique et « pure » des personnages de Kdrama n’est donc pas le reflet d’un comportement typiquement coréen, mais un choix politique.

Pourtant, une étude de Min Joo Lee a montré que les K-drama avaient un réel impact sur les aspirations des Coréens et coréennes, et qu’ils étaient souvent déçus par la réalité et cette représentation censurée des relations amoureuses est partie responsable. De plus, l’engouement pour les K-drama, et par extension la culture coréenne, créer un véritable fétichisme culturel autour du pays. Portées par le cliché de ces hommes parfaits, romantiques et aux antipodes des stéréotypes de leur propre culture, des femmes occidentales font le déplacement jusqu’en Corée pour trouver l’amour. Arrivées sur place, elles sont frappées par la réalité et repartent déçues.

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