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L’histoire du dessin animé

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Dessin animé

Apparu à la fin du XIXe siècle, le dessin animé a été pendant longtemps la principale source d’animation. Si aujourd’hui, il partage la scène de l’animation avec les images de synthèse, cette technique reste la plus emblématique. C’est pourquoi Études Créatives te retrace son histoire.

Qu’est-ce qu’un dessin animé ?

Avant de se pencher sur l’histoire du dessin animé, il faut définir ce qu’est concrètement un dessin animé. Ce dernier se définit comme le fait de donner vie à des dessins, c’est-à-dire les imprégner d’un mouvement. Pour ce faire, il fallait, à l’origine, enregistrer une suite d’images afin de donner l’illusion de mouvement. En partant de cette définition, l’apparition du dessin animé remonterait bien avant celle du cinéma. En effet, dès la Préhistoire, nos ancêtres avaient tenté d’imprégner leur peinture rupestre d’un mouvement.

Le dessin animé connaît un premier tournant au XVIIe siècle, avec l’apparition de la lanterne magique. Cette technique reposait sur la projection de deux plaques permettant de donner du mouvement à des bras et des jambes. À partir de là, un ensemble de jouets à destination des enfants sont créés capables de projeter des images en mouvement. Ce système connaît un gros coup d’arrêt et disparaît petit à petit lorsque les Frères Lumière créent le cinématographe en 1895. Le cinéma d’animation voit alors le jour.

La naissance du cinéma d’animation

En 1892, le photographe Émile Reynaud produit l’un des premiers dessins animés sous la forme que l’on connaît aujourd’hui, intitulé Pauvre Petit Pierrot. Pour cela, il crée le Théâtre Optique, une machine qui repose principalement sur le même fonctionnement que la lanterne magique. Au XXe siècle, avec l’invention des Frères Lumière, l’animation passe sous pellicule et acquiert son statut de cinéma d’animation. L’invention d’Émile Reynaud est suivie par deux réalisateurs, considérés comme les pères de l’animation.

Le premier est James Stuart Blackton, un cinéaste américain qui réalise, en 1906, Humorous Phases of Funny Faces. Ce projet est le premier film réalisé en stop motion. Il s’agit d’une technique d’enregistrement du cinéma d’animation où l’on enchaîne les images fixes capturées sur des objets réels afin de donner une impression de mouvement. Cette technique est toujours d’actualité aujourd’hui et a été reprise dans des films comme Chicken Run ou encore Frankenweenie.

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Après lui, Émile Cohl sort Fantasmagorie. Il reprend les mêmes méthodes que James Stuart Blackton et aide au développement d’autres machines comme le Zootrope, un jouet qui donne l’illusion de mouvement au dessin. Cohl produit un grand nombre de films d’animation en France et aux États-Unis.

Ces trois personnages sont considérés comme des pionniers du cinéma d’animation, mais pour que le dessin animé se développe énormément, il faut attendre l’arrivée d’un personnage que tu connais bien : Walt Disney.

Le décollage du dessin animé avec Disney

L’échec du projet Alice au Pays des Merveilles

Dans les années 20, l’animation prend de plus en plus d’ampleur et de nouvelles tendances voient le jour, en particulier celle des cartoons et des petits sketchs comiques et muets. Naît en 1901, Walt Disney rencontre le cinéma d’animation lorsqu’il se fait embaucher à la Kansas City Film Ad Company. Le jeune Walt veut s’essayer, lui aussi, au dessin animé. Il achète donc une caméra puis dessine, tourne et réalise ses premiers dessins animés dans un hangar derrière sa maison. Ses premiers cartoons sont nommés les « Laugh-O-Grams », nom qui sera choisi pour le premier studio d’animation de Walt. Convaincu du potentiel du dessin animé, il quitte son travail à la Kansas City Film pour se lancer à plein temps dans son studio. Il embauche beaucoup d’animateurs pour réaliser son premier long-métrage d’animation : Alice’s Wonderland inspiré du roman Alice aux Pays des Merveilles. Dans ce projet, il souhaite déjà créer une première révolution. À l’époque, dans le dessin animé, les arrière-plans étaient des lieux bels et bien réels, filmés, au sein duquel les personnages étaient, eux, animés. Walt Disney fait l’inverse et fait évoluer des personnages réels, donc des acteurs, au sein d’un arrière-plan totalement animé.

Toutefois, son projet reste trop ambitieux pour Walt Disney qui ne dispose pas des fonds nécessaires pour le mener à bien. Son studio Laugh-O-Grams fait faillite en 1923, sans que le film Alice aux Pays des Merveilles ne soit terminé. Mais le projet n’est pas enterré pour autant. Walt part direction Hollywood, où il démarche tous les studios d’animation afin de les convaincre d’adapter son film. Il parvient à se faire repérer par un studio new yorkais qui l’embauche pour adapter des courts-métrages issus du projet Alice’s Wonderland. En parallèle, il développe avec son frère, la Disney Brothers Studio Company qui voit le jour en 1923.

La création de Mickey

Après le lancement de la Disney Brothers Studio Company, les frères Disney en ont marre de produire des épisodes d’Alice au Pays des Merveilles. Ils décident de créer leur propre personnage : Oswald, le Lapin Chanceux. Celui-ci porte plutôt bien son nom car il permet à Disney d’obtenir un contrat avec Universal et donc la diffusion des courts-métrages autour d’Oswald dans les cinémas américains. Cependant, Universal évince Walt Disney de son propre projet et reprend les droits du personnage. Le réalisateur ne désespère pas pour autant et songe à de nouvelles idées avec sa famille. Ensemble, ils se mettent d’accord pour créer une souris qu’ils vont appeler Mickey. Bien que l’idée soit sympathique, Walt Disney se confronte toujours au même problème : il n’a pas de distributeur. Les studios refusent le nouveau personnage de Walt Disney de part sa ressemblance avec Oswald. Disney réfléchit et une idée vient à lui pour révolutionner le dessin animé : Le son.

À l’époque, les dessins animés étaient muets parce qu’il était bien trop compliqué de synchroniser le son et l’image. Walt Disney travaille donc d’arrache-pied pour pouvoir rajouter des voix et des bruitages. C’est de cette manière que le 18 novembre 1928, Steamboat Willie, la première apparition de Mickey Mouse, sort. Époustouflés par le court-métrage, personne n’arrive à expliquer la prouesse de Walt Disney qui a réussi à faire cohabiter dessin et son, le tout dans une synchronisation parfaite. Steamboat Willie est considéré comme le père de tous les dessins animés modernes. La machine Disney est alors lancée.

Walt Disney ne s’arrête pas là et en 1934, il lance le projet cinématographique le plus ambitieux de l’époque : Produire le premier long-métrage d’animation réalisé intégralement en couleurs : Blanche-Neige et les 7 Nains. Le film est un succès engendrant d’autres longs-métrages d’animation en couleurs, dont Bambi ou encore Pinocchio.

L’âge d’or du dessin animé

Des années 20 jusqu’à l’avènement de Pixar dans les années 90, le dessin animé était numéro 1 en matière d’animation notamment grâce à Disney. Mais alors comment expliquer un tel succès face aux autres techniques d’animation comme le stop motion évoqué plus haut ? Le point fort du dessin animé réside dans une technique, mise au point dans les années 20, afin de faciliter le travail des animateurs : Le cellulo. Les animateurs dessinaient à partir de calques afin de ne pas avoir à redessiner systématiquement le personnage à animer dans leur entièreté. Une fois les dessins validés, ils étaient décalqués avec de l’encre de Chine sur une feuille de cellulo. C’est un matériau très fin avec des propriétés similaires à celles du calque. Ainsi, il suffisait d’empiler les feuilles puis de les effeuiller devant la caméra pour donner l’impression de mouvement. Avec cette technique, le dessin animé a pu évoluer passant notamment de 12 à 24 images par seconde.

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Un monopole de l’animation perturbé par Pixar

Depuis la création de Mickey, Disney était la référence en matière d’animation, mais un concurrent apparaît avec Pixar, à la fin des années 90. John Lasseter était un passionné d’animation, de dessin animé et donc du travail réalisé par Disney. Il se fait embaucher là-bas, mais il pense qu’il est possible d’aller encore plus loin que le dessin animé. Il développe dans son coin, un projet hybride entre animation 2D et animation 3D, à l’aide des images de synthèse. L’idée, bien qu’elle soit révolutionnaire, ne plaît pas à Disney qui refuse l’idée puis vire John Lasseter dans la foulée. Ce dernier ne désespère pas et avec Edwin Catmull, ils fondent Pixar avec pour objectif de créer un film d’animation uniquement en images de synthèse.

Les années 90 marquent un véritable tournant dans l’histoire de l’animation, avec la démocratisation de l’ordinateur. Avant, toutes les tâches étaient effectuées à la main, ce qui pouvait être un peu long. Avec l’arrivée de l’ordinateur, l’animation vectorielle fait son apparition. Pour faire simple, l’animateur dessinait la forme originale de l’objet ou du personnage puis sa forme finale (s’il souhaitait le faire grandir, rétrécir, grossir ou maigrir) et l’ordinateur dessinait automatiquement toutes les étapes intermédiaires au changement de forme du sujet, ce qui représentait un gain de temps considérable. L’ordinateur est également capable de créer des images, les fameuses images de synthèse.

John Lasseter revient toquer à la porte de Disney avec un projet produit intégralement en images de synthèse : Toy Story. Pixar et Disney collaborent alors dès la sortie de ce film en 1995. C’est un succès qui a marqué l’esprit de tous les enfants des années 90. Toy Story est suivi par d’autres films comme Toy Story 2, 1 001 Pattes ou encore Monstres & Cie, qui vont tous faire un très bon score au box-office. Disney se rend compte à ce moment qu’il risque de perdre son monopole sur l’animation car le dessin animé ne parvient plus à séduire comme les films d’animation en images de synthèse le font. Par conséquent, l’entreprise rachète Pixar, en 2006, pour ainsi rester la référence sur le domaine de l’animation.

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2018 : La dernière révolution du dessin animé

Les limites du style Pixar

Tu l’auras compris, l’évolution technologique du dessin animé pour l’animation a nécessité des avancements majeurs. Walt Disney l’a bien compris lorsqu’il crée Mickey dans Steamboat Willie, le premier dessin animé avec du son, des bruitages et de la voix. Pixar a réalisé le premier film entièrement conçu grâce à des images de synthèse avec Toy Story, en 1995. Mais par la suite, les prouesses de l’animation stagnent. Le dessin animé disparaît de la majorité des grosses productions occidentales et est relayé uniquement à des séries à destination du petit écran. Mais au-delà de ça, Pixar rencontre un succès fou si bien que tous les studios veulent faire des films d’animation photo-réalistes réalisés en images de synthèse. Certes, les films sont de plus en plus visuels et captivants, mais aucun ne se démarque grâce à son animation.

Le constat est plutôt simple : Plus personne veut faire du dessin animé, le genre est considéré comme une prise de risque. Les studios d’animation estiment alors qu’il serait plus judicieux de suivre le succès dont bénéficie Pixar et être certains d’exploser le box-office. Sort alors le film Volt, Star malgré lui, en 2008. Les premiers concepts arts du film montraient très clairement que l’on se dirigeait vers un film en dessin animé et au final, le projet a été réalisé en images de synthèse.

Il faut attendre 2018, soit 23 ans après la sortie de Toy Story et la révolution des images de synthèse, pour qu’un studio prenne le risque de sortir un film en dessin animé.

Spider-Man Into the Spider-Verse : Un vent de fraîcheur dans le monde de l’animation

Le 9 décembre 2017, Sony Pictures Animation sort le premier trailer de son nouveau film d’animation Spider-Man : Into The Spider-Verse. Ce trailer montre déjà que le projet sera une révolution dans le monde de l’animation tant il se démarque de ce qu’il se faisait à l’époque. Sony marque sa volonté de laisser les images de synthèse de côté pour revenir aux bases de l’animation : Le dessin animé. Le film sort alors le 12 décembre 2018 et rencontre un franc succès, malgré la réelle crainte que le public boude son film avec ce style d’animation peu conventionnel. L’avantage pour le studio est que l’idée leur est venue un film Spider-Man, l’une des plus grosses icônes de la pop-culture.

Si Into The Spider-Verse a rencontré autant de succès, c’est parce que l’animation donne réellement l’impression de voir une planche de comics prendre vie. En effet, les dessins symbolisant le mouvement dans un comic ont été intégrés au sein du film pour accentuer le côté dessin animé dans sa forme la plus pure. Sony s’autorise à avoir des flous et des approximations par certains endroits, ce que Pixar refuse de faire, car cela ne rentre pas dans sa vision de produire un film d’animation le plus proche possible de la réalité. Ce film montre qu’un studio peut parvenir à s’imposer s’il possède sa propre patte graphique.

Une révolution confirmée avec le Chat Potté : La dernière quête

Si Into the Spider-Verse est sorti, il n’y a même pas cinq ans, son impact peut déjà se mesurer sur de nombreux films d’animation, dont le Chat Potté : La dernière quête sorti l’an passé. Visuellement, ce film s’inspire énormément de Spider-Verse, mais va plus loin en multipliant les inspirations. La scène d’ouverture a fait énormément parler sur les réseaux sociaux, tant l’on sent que les animateurs se sont inspirés du manga L’Attaque des Titans et surtout de son adaptation animée. Ce film marque, en quelque sorte, la fin d’une guerre des genres entre animation américaine et animation japonaise.

Si les États-Unis se sont rapidement tournés vers les images de synthèse, les Japonais ont préféré conserver un style d’animation en dessin animé. Le Chat Potté 2 montre que les Américains s’ouvrent à ce qu’il se fait côté nippon et inversement. Fin 2022, The First Slam Dunk, un long-métrage adapté du manga Slam Dunk, est sorti dans les salles obscures japonaises. L’animation, intégralement réalisée en images de synthèse, a fait grincer des dents lors de la sortie des premiers trailers, mais le film est un succès monumental. Ce dernier est sorti en même temps qu’Avatar 2 au Japon. Et tu ne le sais peut-être pas, mais le film de James Cameron n’a pas réussi à prendre la première place au box-office faisant du Japon, le seul pays du monde dans lequel Avatar 2 n’a pas été numéro 1.

Aujourd’hui, le dessin animé a réussi à retrouver un nouveau souffle grâce à Spider-Man Into the Spider-Verse et confirme ce renouveau avec de nombreux succès comme le Chat Potté : La dernière quête ou encore Spider-Man Across The Spider-Verse (l’un des plus gros succès de 2023). Après une perte de vitesse durant les années 2000, le dessin animé a réussi à se greffer une place aux côtés des images de synthèse.

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