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La promo du nouveau film de Miyazaki « Le Garçon et le Héron » est-elle un modèle viable ?

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Le Garçon et le Héron

Annoncé depuis 2016, le nouveau film d’Hayao Miyazaki « Le Garçon et le Héron » a dévoilé son premier trailer, deux mois après la sortie au Japon et avant une sortie en France prévue pour le 1er novembre.. Avant cette bande annonce, seulement un poster du film était sorti. Cette absence de promo n’a pas empêché le film d’être un gros succès au Japon. À partir de ce constat, une question se pose : La promotion d’un film est-elle inhérente à son succès ? Décryptage.  

De maigres indices sur le synopsis du film « Le Garçon et le Héron » 

10 ans après la sortie de son dernier film d’animation Le vent se lève , le maître japonais Hayao Miyazaki a fait son grand retour avec Le Garçon et le Héron. Même si le film a été annoncé depuis 2016, aucune information à son sujet n’était sortie sur le film, si ce n’est un seul poster. Cette semaine, les Studios Ghibli ont enfin révélé un trailer pour le film qui donne de maigres indices sur l’histoire qui sera racontée. De ce que l’on sait, le Garçon et le Héron adapte un roman de Genzabouro Yoshino « Et vous, comment vivrez-vous ? » sorti en 1937. Hayao Miyazaki a eu carte blanche pour adapter cette œuvre. Ainsi, il nous plonge au Japon durant la Seconde Guerre mondiale où l’on suit un jeune garçon nommé Mahito qui quitte Tokyo avec son père, après le décès de sa mère, pour rejoindre la campagne nippone. Là-bas, il rencontre un héron qui le plonge dans un monde fantastique où il va tenter de comprendre l’histoire entourant le décès de sa mère. Ce sont toutes les informations disponibles autour du dernier film de Miyazaki qui, à 82 ans, compte bien terminer sa carrière sur un nouveau chef d’œuvre. 

Une absence de promo en guise de promo

Pour ce film, les Studios Ghibli et Miyazaki ont adopté une stratégie inédite. Ils ont souhaité ne faire aucune promo du projet. Cette idée est expliquée par le cofondateur et PDG des Studios Ghibli, Toshio Suzuhi, qui a déclaré vouloir prendre le contrepied des grosses productions hollywoodiennes. En effet, celles-ci assaillent le spectateur de bandes-annonces et au final, tu connais la majorité de l’intrigue avant même d’avoir vu le film. Ghibli a souhaité faire l’inverse en attisant la curiosité du spectateur. Sorti en juillet dernier au Japon,  Le Garçon et le Héron aurait dû se retrouver en concurrence avec le nouveau film de Marvel Studios The Marvels avant qu’il ne soit repoussé. Cependant, vu le succès colossal rencontré par Le Garçon et le Héron, il n’y aucun doute sur le fait que The Marvels aurait fini derrière lui. Cela n’aurait pas été la première fois qu’une grosse production hollywoodienne se retrouve derrière une production locale au box-office. Rappelons que le Japon est le seul pays dans lequel Avatar 2 n’a pas atteint la première place au box-office. La cause ? La sortie du film The First Slam Dunk adapté du manga Slam Dunk de Takehiko Inoue qui a rencontré un succès monstrueux au Pays du Soleil Levant.

Le Garçon et le Héron
Le seul poster du film disponible avec la sortie au Japon / Crédits : Studio Ghibli

Cette absence de promo pour Le Garçon et le Héron semble être une stratégie payante, mais elle est, en réalité, plutôt risquée. Si Miyazaki peut se permettre de ne pas promouvoir son film, c’est parce que sa cinématographie parle pour lui et que sa simple présence sur un projet suscite des entrées. De plus, la présence de Miyazaki dans les salles obscures est très rare, elle crée donc de l’attente et engendre, de fait, des entrées. Les studios hollywoodiens pourraient s’inspirer de cette stratégie, dans un contexte où ils ont de plus en plus de mal à rentabiliser leurs films.

Néanmoins, pour un réalisateur qui débute et qui doit faire ses preuves, il ne peut pas prendre le risque de faire l’impasse sur la promotion de son final, sous peine de voir son projet passer complètement sous les radars.

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Les limites du modèle hollywoodien

À l’opposé de Ghibli, les studios hollywoodiens choisissent d’assaillir le spectateur de bande-annonce pour parler de leurs films, mais au final cette stratégie n’est pas payante parce que la promo n’engendre pas forcément des entrées supplémentaires. Depuis la fin de la pandémie, combien de films ont fait grimper l’engouement autour d’eux grâce à leur promo ? Très peu. Les seuls qui peuvent faire exception sont The Batman, parce que le fait de voir Robert Pattinson incarné l’un des plus grands super-héros de l’Histoire cela intriguait beaucoup les spectateurs. Le second, c’est Spider-Man No Way Home afin de savoir si les Spider-Men de Tom Holland, Andrew Garfield et Tobey Maguire seraient réunis. Hormis cela, les bandes annonces n’ont pas réellement d’impact sur le film. Si Oppenheimer, sorti cette année, a eu autant de succès, c’est parce qu’il a réuni un casting 5 étoiles, avec aux commandes un réalisateur de renom, Christopher Nolan. Dès l’annonce des acteurs du film, le projet a bénéficié d’un engouement extraordinaire. D’ailleurs, avant sa sortie, Universal Pictures avait dévoilé peu de trailers du projet. Néanmoins, un film fait exception et a énormément misé sur sa campagne de promotion pour fonctionner, l’incontournable Barbie. Avec un budget promo supérieur à celui lié à la production, il est impossible que tu n’aies pas entendu parler de ce film tant il a été absolument partout. Cependant, est-ce sa promo démentielle est forcément liée au succès du film ? Oui et non. D’un côté, le projet a suscité de l’intérêt dès son annonce, pour voir comment ce jouet et cette marque si emblématiques pourraient prendre vie de manière cohérente au cinéma. De l’autre, la sortie à la même date de Barbie et d’Oppenheimer a boosté les résultats des deux projets.

Le point commun entre ces deux films et Le Garçon et Le Héron de Miyazaki réside dans le fait qu’ils ont pris du temps à être développés générant ainsi un maximum d’attente, pour des films globalement de qualité si on se fie aux critiques de ces trois projets. Cependant, Hollywood ne prend plus son temps pour développer ses films et privilégie la quantité à la qualité, ce qui n’est clairement pas une stratégie payante, il suffit de voir le désintérêt autour des films du MCU et de DC. Ce n’est pas anodin, si le film de super-héros le plus rentable cette année, c’est Spider-Man Across The Spider-Verse, un film qui a mis 5 ans avant de voir le jour. Après le succès du premier volet qui a révolutionné les codes de l’animation, celui-ci était attendu de pied ferme.

Au final, que ce soit Miyazaki ou les très gros succès au box-office de cette année, tous ces films montrent que l’argent et l’énergie investie dans la promo d’un film ne sont pas forcément gage de qualité et que les gros studios hollywoodiens devraient passer plus de temps à développer des films cohérents plutôt que des films fades et sans aucune saveur.

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